Cameroun : la question du peuple autochtone Baka face à leur accès à des ressources forestières fraîches

Joseph Johnson, président de l’Association Sanguia Baka Buma’a Kpodé-ASBABUK, représentant 88 communautés Baka, et Jules Doret Ndongo, ministre camerounais des forêts et de la faune, ont signé le protocole d’accord le 19 septembre. Le premier protocole d’accord, signé en 2019, expirait en 2022 et excluait certaines communautés. Les Baka de Salapoumbe et d’autres régions étaient inclus dans le premier protocole d’accord, mais ils ne pouvaient pas accéder aux zones protégées passant par les concessions forestières.

Le récent protocole d’accord permet aux Baka d’accéder librement aux zones protégées et prend également en compte les zones situées autour du parc, notamment les chasseurs sportifs, les entreprises d’exploitation forestière, les gardes forestiers et les fonctionnaires du parc.

La signature d’accords séparés entre les Baka et les opérateurs du secteur privé qui gèrent des espaces importants en dehors des parcs est désormais prévue pour un accès libre à travers leurs zones vitales ; par exemple, les concessions forestières et les zones de chasse sportive étaient initialement interdites dans les parcs.

À la suite de réunions et de consultations, les Baka ont convenu qu’en plus d’une gestion avisée des ressources, ils contribueraient également à la gestion de la forêt en aidant à dissuader les braconniers. Ils alertent les gestionnaires du parc de la présence de braconniers et s’abstiennent d’aider les trafiquants d’animaux sauvages.

Le Fonds mondial pour la nature (WWF) a joué le rôle de conseiller auprès du ministère des forêts et de la faune et « a travaillé avec d’autres ONG au niveau de la communauté pour informer les Baka de leurs droits et leur faire comprendre les étapes de la gestion des ressources naturelles dans les parcs », a déclaré Clotilde Ngomba, directrice nationale du WWF au Cameroun.

Le WWF, organisation internationale chargée de la protection de la faune et de la biodiversité, aidera les différentes parties à accroître leur participation à la mise en œuvre du protocole d’accord et à renforcer les capacités des communautés Baka.

Françoise Bendje, membre d’ASBABUK, décrit ce que cela signifie pour les Baka :

Avant la signature du protocole d’accord, nous gérions le peu de ressources que nous recevions de la communauté, mais maintenant nous avons accès à un nouveau stock de ressources naturelles étant donné que les parcs n’ont pas été exploités.

Les Baka vivent dans les forêts du sud-est du Cameroun depuis des temps immémoriaux et sont connus pour être les premiers gardiens de la forêt. Le mode de vie et les moyens de subsistance de ce peuple semi-nomade dépendent essentiellement de la forêt.

Cependant, la création d’aires protégées dans la loi sur les forêts et la faune de 1994 a restreint la circulation et l’exploitation des ressources naturelles, limitant ainsi la liberté des Baka, qui n’avaient jusqu’alors connu aucune restriction de ce type. Le parc national de Lobeke de 21785 ha (538 328,96 ac) a été créé en 2001 ; les parcs nationaux de Boumba Bek de 238000 ha (588 110,81 ac) et de Nki de 309362 ha (764 450,15 ac) ont tous deux été créés en 2005, et les anciens habitats des Baka sont devenus des aires protégées.

En conséquence, des conflits ont éclaté entre les populations indigènes, les éco-gardes et les gestionnaires des parcs qui appliquent la loi. Ces conflits ont débouché sur des cas présumés de mauvais traitements infligés aux Baka.

Les Baka, peuple autochtone du Cameroun, se sont vu accorder l’accès à de nouvelles ressources naturelles, mais loin de leur ancien mode de vie.

Pierre MOUSSA

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