Tchad : l’opposant Succès Masra reporte son retour au pays et joue à l’apaisement

L’opposant Succès Masra, âgé de 40 ans, est accusé par les autorités de chercher à « déstabiliser le pays ». Cependant, il a décidé de reporter son retour au Tchad, qui était initialement prévu pour le 18 octobre. Il justifie ce report en évoquant la nécessité de la médiation de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale et en invoquant le risque de conflits entre ses partisans et les forces de l’ordre. Succès Masra est le chef du parti Les Transformateurs et avait été en exil depuis les manifestations réprimées du 20 octobre 2022, qui réclamaient la fin de la transition militaire au Tchad.

Sa décision de reporter son retour au Tchad intervient après que les autorités de transition aient ordonné aux compagnies aériennes de ne pas rapatrier le chef de l’opposition et de fournir les noms de tous les passagers se rendant à N’Djamena, la capitale.

Depuis vendredi, les compagnies aériennes desservant N’Djamena doivent, selon une nouvelle circulaire, transmettre aux autorités les manifestes de vol avant le décollage. « Le timing est suffisamment clair pour que tout le monde comprenne que je suis visé », estime Succès Masra, interrogé par Le Monde, d’autant que, selon plusieurs sources, les différents chefs d’escale auraient reçu verbalement l’ordre de ne pas embarquer l’opposant.

Quelques jours plus tôt, le 5 octobre, les autorités tchadiennes avaient envoyé un premier signe dans le même sens. Aussitôt après que Les Transformateurs aient donné l’itinéraire de la marche prévue pour accueillir leur président, un mandat d’arrêt international émis par le ministère de la sécurité publique, daté du 8 juin 2023, est opportunément apparu sur les réseaux sociaux.

Dans les quartiers de la capitale connus pour leur soutien à l’opposition, les affiches annonçant le retour de Succès Masra ont été déchirées. Le 8 octobre, au moins 72 membres de son parti qui se préparaient à l’accueillir ont été arrêtés selon Human Rights Watch. Cette organisation de défense des droits humains dénonce ces arrestations comme  » une tentative de limiter la dissidence politique avant le référendum constitutionnel« . D’un autre côté, une source au sein du pouvoir affirme que ces actions étaient entreprises pour maintenir l’ordre public, car depuis août, une série d’ordonnances avait restreint la liberté de réunion et de manifestation, tandis que des activités subversives telles que des réunions, des chansons et la fabrication de tee-shirts étaient menées.

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