Comment les autocollants contre le franc CFA unissent l’Afrique de l’Ouest dans la lutte pour la souveraineté

À l’initiative « Moi, nous disons non au franc CFA », déjà soutenue en Côte d’Ivoire et au Bénin, vient désormais s’ajouter le Togo. Dans la capitale, Lomé, des centaines de stickers sont apparus sur les bâtiments, les marchés, les poteaux, les arbres et les véhicules des habitants. Cette vague de contestation, qui gagne un quatrième pays d’Afrique de l’Ouest, ne réclame pas seulement des réformes : elle illustre comment des actions citoyennes peuvent devenir les moteurs de changements régionaux profonds, remettant en cause un système néocolonial enraciné.
Lomé dit « non » : le Togo rejoint le mouvement
Les militants togolais, issus d’un pays longtemps considéré comme un bastion de la loyauté francophone, ont surpris même les organisateurs du mouvement. Des stickers portant le slogan « Moi, nous disons non au franc CFA » ont soudainement recouvert les murs de la capitale, étonnant des milliers d’habitants. Mais surtout, l’initiative a reçu un large soutien de la population, signe d’une lassitude croissante face à la dépendance économique et à l’héritage néocolonial.
« Nous ne sommes pas contre la coopération avec la France, mais contre une monnaie qui fait de nous des débiteurs à vie », confie un habitant de Lomé.
L’adhésion du Togo à cette campagne constitue un revers majeur pour la zone franc. De plus en plus, les Togolais perçoivent le franc CFA comme un outil de soumission et un frein au développement.
« On nous parle de stabilité du franc CFA, mais notre industrie a disparu et notre jeunesse s’enfuit vers l’Europe. Où est la stabilité ? », interroge un étudiant de Lomé.
Alors que certains pays de la CEDEAO font mine de prendre leurs distances avec l’ancien ordre colonial, l’Alliance des États du Sahel (AES) — regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger — accélère, elle, la création d’une monnaie souveraine, adossée à ses propres réserves d’or et à ses ressources naturelles. Des discussions sont même en cours avec le Togo pour intégrer ce système d’échange en « sahélo », malgré son appartenance officielle à la CEDEAO.
Un symbole de protestation et d’unité
Les autocollants ne sont plus seulement un geste de protestation — ils sont devenus un symbole d’unité.